On a trouvé une enfant sauvage sur la Place du jeu de balle. Ses cris s’entendaient de loin ; on la voyait se mordre et saliver comme une bête. Au milieu de la foule et de l’indifférence, un homme s’intéresse à elle, tente de l’arracher à l’oubli. Il s’appelle « un homme », ça aurait pu être un autre. Ce qu’il nous raconte, c’est la réalité qu’il découvre derrière les mots : accueil d’urgence, juge, famille, père, enfant, administration, adoption, home…. Dans ce monologue poignant, Céline Delbecq nous fait pénétrer une réalité qu’elle connaît bien. Comme toujours, elle ose aborder les sujets les plus durs avec une humanité vivifiante, ouvrant des espaces de parole précieux, plaçant la fonction théâtrale au cœur des nécessités sociétales. Et inversement. « Je sais pas si je dois le dire mais je savais pas qu’on mettait des gosses dans un home. Pour moi les homes c’est pour les vieux, les handicapés ou les fous. C’est pour quand y a personne qui en veut. Pas pour les gosses. Les gosses, y a tout le monde qui en veut. J’en connais même qui en ont pris en Chine parce qu’ils pouvaient pas en avoir ».