Antigone

José Besprosvany met en scène « Antigone » de Sophocle du jeudi 19 janvier 2017 au samedi 18 février 2017 au Théâtre Royal du Parc.

Comédiens : Toussaint COLOMBANI, Charles CORNETTE, Héloïse JADOUL, Elisa LOZANO RAYA, Gauthier JANSEN, Georges SIATIDIS, Isabelle ROELANDT
Danseurs : Marta ALMEIDA, Harlan RUST, Gabriel NIETO, François PRODHOMME, Lisard TRANIS ou Brice TAUPIN


Crédits: Leander Loeckx

D’emblée, la sonorité du nom de cette jeune fille, Anti-gone, me plaît. Je sais qu’anti est le préfixe qui nous vient du Grec ancien et du Latin et qui signifie contre, hostile à. Les personnages rebelles, anticonformistes, et plus encore ceux issus des tragédies antiques me fascinent. Après Prométhée enchaîné et Œdipe, je me plonge dans une nouvelle pièce tragique, qui fut adaptée notamment par Brecht et Anouilh, comme l’histoire d’une résistante au pouvoir tyrannique, préférant mourir que de subir une loi injuste, celle qui interdit la sépulture de son frère Polynice.

Ce personnage antisystème m’attire et m’interpelle, étant sensible à l’interrogation des discours normatifs et de la doxa dans divers domaines qui ont traversé ma vie : le judaïsme, la danse et l’art contemporains, la sexualité…

Je questionne donc, tout comme Florence Dupont – intellectuelle fascinante dont j’utilise la traduction – cette idée qu’Antigone serait sympathique à nos yeux parce qu’elle aurait le courage de se révolter, et Créon antipathique parce qu’il aurait le pouvoir d’État.

Inspiré par la recrudescence du religieux aujourd’hui, et la question de la religion dans la cité, il m’a semblé plus intéressant de mettre en avant le caractère religieux et fanatique d’Antigone, tout comme la tyrannie de Créon. Antigone justifie son acte par la loi divine, Créon par la raison d’État. Opposés par leurs idées, mais proches par leur intransigeance, Antigone et Créon sont des personnages radicaux qui vont s’opposer âprement.

Tous deux sont également mis en question par les autres personnages : Ismène, Hémon, Eurydice, le Messager, le Garde, Tirésias, et par le Chœur.

Ayant un attrait certain pour les spectacles interdisciplinaires qui mélangent texte, mouvement et musique, le Chœur sera aussi une occasion d’explorer la rencontre entre les comédiens et les danseurs. Les premiers diront les textes, suivant leur élocution naturelle, sans scansion ni transposition chantée. Ils seront doublés par cinq danseurs, et tous seront accompagnés par les musiques électroniques de Laurent Delforge.

Dans un décor proche d’une installation*, les thèmes contenus dans cette pièce seront évoqués : la mort et la sépulture, l’origine de nos religions monothéistes, sources de radicalisme et de fanatisme. Les parties chorales et chorégraphiques alterneront avec les scènes théâtrales, pour en faire un spectacle proche de ce qu’était la tragédie athénienne de l’époque : un grand rituel de deuil.

Antigone sera, je l’espère, un moment pour éprouver collectivement les conséquences néfastes qui résultent de l’intolérance et donc, par antithèse, de célébrer la tolérance et l’ouverture.

José BESPROSVANY.

* installation est un concept artistique apparu au XXe siècle et qui tend à caractériser une partie du champ de l’art contemporain.