Selçuk Mutlu / rencontre

affiche selcuk web

L’atelier de dessin organise une rencontre avec l’artiste Selçuk Mutlu, le mardi 08 mai 2012 à 10h30 dans l’atelier.L’artiste et poète d’origine turque Selçuk Mutlu (1975) vit et travaille à Liège.

Celui-ci a un jour été qualifié de « dandy inquiet *», ce qui lui va plutôt bien. Aujourd’hui, le concept de « dandy » est devenu relativement inhabituel, on a d’ailleurs tendance à le confondre avec « snob ». Pourtant, l’un des critères du dandysme consiste précisément à pouvoir relativiser son propre moi. L’ironie est au cœur de cette notion. L’inquiétude de Mutlu n’est pas d’ordre paranoïaque, mais se situe plutôt dans un pessimisme obstiné et se traduit par une quête constante des moyens d’expression les plus efficaces : exécutions rapides et spontanées, ellipses et répétitions formelles, dessins, peintures, vidéos, installations, performances éphémères, poésies écrites ou proférées… Mais c’est la donne autobiographique lato sensu qui frappe avant tout dans son travail, comme l’illustre notamment sa performance « EPILÊPSIA » (Espace 251 Nord, 2007). Mutlu s’y fait tatouer, en public, sur le crâne, à l’endroit précis où se trouve, selon les médecins, la cause de ses crises répétées. La police Helvética n’a pas été choisie au hasard : elle est neutre et sans drame.

Dans son travail, l’artiste analyse en profondeur sa propre identité qu’il cherche, selon ses dires, « à travers un autre filtre que celui de la peur ». Thanatos, qui joue un rôle crucial dans sa pensée, sa vie et son travail, a attisé sa fascination pour Éros : une composante pornographique affirmée apparaît régulièrement dans ses dessins à l’encre ou réalisés avec son propre sperme. De même que dans ces actions où il porte un masque masochiste.

Séduction et châtiment, victoire et défaite, provocation et souffrance, privé et public : dans le labyrinthe du travail de Mutlu, il faut sans cesse réaffirmer son choix, dont, pourtant, chaque élément est inextricablement mêlé à son contraire. (…)

*« Selçuk Mutlu, le dandy inquiet » par Pierre-Yves Dessaive, « L’art Même » n° 37

Sara Weyns, directrice au Middelheim Museum.